Montres Une histoire de design : TAG Heuer Aquaracer, Chapitre Un

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Angus Davies Cofondateur de Escapement Magazine

Chapitre Un : amélioration constante

Le siège de TAG Heuer se trouve à La Chaux-de-Fonds, ville souvent décrite comme la « capitale suisse de l’horlogerie ». Cet édifice moderne accueille le musée de la Maison, situé au rez-de-chaussée. Il abrite un large éventail d’artefacts horlogers, dont de nombreuses références historiques de la Maison.

La Maison suisse a de quoi être fière de son riche héritage. « Depuis 1860, TAG Heuer représente un avant-gardisme, une précision et un style audacieux…» Edouard Heuer, le fondateur de l’entreprise, était un innovateur. Il a breveté le pignon oscillant en 1887, un système permettant au mouvement du chronographe de fonctionner avec une précision extrême, grâce à une fonction chronomètre qui se déclenche/s’arrête par simple pression d’un poussoir. Les années sont passées, mais le pignon oscillant demeure toujours aussi pertinent : il est présent dans de nombreux chronographes de l’ère moderne.

En admirant les montres exposées dans le musée, on ne peut être qu’impressionné par le nombre de modèles conçus au cours des quelque 160 dernières années. Les créations du musée représentent un trésor susceptible de plaire à tout collectionneur de montres et une source d’inspiration potentielle pour la conception de futurs modèles. Cependant, la Maison ne cherche pas à produire de simples copies d’anciens modèles, mais vise plutôt à innover et améliorer ses montres.

Même si de nombreux modèles ont rencontré un immense succès commercial, TAG Heuer ne se repose jamais sur ses lauriers. Au contraire, TAG Heuer adhère sans réserve à une amélioration continue.

« Nous avons essayé de perfectionner le design, en gardant l'esthétique accrocheuse, moderne et facettée de la version précédente, caractéristiques qui la différencient des autres montres de plongée. »

Guy Bove Directeur création produit chez TAG Heuer

La Maison avant-gardiste suisse a récemment revisité l’Aquaracer. Certains auraient pu être tentés de ne rien changer au modèle, principalement parce qu’il est resté best-seller pendant de nombreuses années, mais cela aurait été contraire à l’esprit de la Maison. En effet, le désir de perfectionner les modèles est ce qui caractérise l’esprit TAG Heuer, une qualité qui semble manifeste lorsque l’on s’entretient avec Guy Bove, le directeur création produit de la Maison.

Guy et ses collaborateurs du département du design produit examinent assidûment chaque collection, en observent chaque élément en détail, à la recherche de ce qui peut être amélioré.

Le design ne concerne pas seulement l’apparence d’une création, mais comprend aussi d’autres facteurs tels que l’ergonomie et le toucher. Le concepteur considère plusieurs façons d’apporter une touche de luxe tout en restant pertinent pour la clientèle cible. Par ailleurs, un concepteur professionnel est toujours au fait des nouveaux développements en matière de matériaux et de technologies. En réalité, le design est un domaine de spécialité, au-dessus des compétences de nombreux amateurs maniant un crayon HB. Il vaut mieux laisser faire les professionnels.

Discussion avec Guy Bove

 

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J’ai rencontré Guy à plusieurs occasions. Il est calme, modeste et à juste titre sûr de ses aptitudes professionnelles. Lorsqu’il s’exprime, chaque mot est mesuré et important. Cela illustre son approche du design. Il observe une montre dans son ensemble, s’attarde sur chaque courbe, ligne, aspect et sensation. Il est de toute évidence doté d’un regard analytique associé à une grande compréhension de la dimension esthétique.

Guy et son équipe ont récemment terminé leur travail sur la nouvelle Aquaracer Professional 300, évolution du modèle actuel. Guy m’a expliqué en détail quelques décisions prises lors de la conception de ce nouveau modèle.

« Nous avons essayé de perfectionner le design, en gardant l’esthétique accrocheuse, moderne et facettée de la version précédente, caractéristiques qui la différencient des autres montres de plongée. Nous avons par exemple conservé la lunette à 12 facettes qui était l’une des marques de fabrique du précédent modèle. Nous avons également gardé le design général du bracelet. En revanche, pour le boîtier, nous avons retravaillé les proportions de taille de la lunette et du boîtier : nous avons affiné le bracelet de façon à mieux l’intégrer dans le boîtier. »

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« Si vous regardez le profil de la montre, vous verrez que nous avons ajouté un rebord biseauté sur l’arête des cornes. Nous avons légèrement agrandi le protège-couronne, en nous inspirant de la 844 (dont je parlerai plus tard) qui en présentait un proéminent, sans toutefois en égaler la taille. Le côté de la lunette est cranté, toujours à l’image de la 844. »

« Vous pourrez voir en observant cette montre que nous avons exploité la notion de « rebords », comme avec la lunette à 12 facettes ou pour d’autres éléments. Par exemple, la dernière section verticale de la couronne possède 12 facettes. L’important biseau qui longe le dessus du boîtier est inspiré de la 844… »

À ce stade, mon crayon HB commençait à fatiguer. Avant de m’entretenir avec Guy, je pensais que la dernière évolution de l’Aquaracer consistait à lui donner un nouveau look, mais après seulement cinq minutes de discussion, il semblait évident que ce design allait bien plus loin que ce que je pensais.

Après 102 minutes de conversation avec Guy, j’ai compris que je devais user d’une autre méthode pour aborder toutes les nuances de ce nouveau modèle. J’examinerai les changements subtils spécifiques à ce modèle dans mon prochain chapitre.

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Angus Davies Cofondateur de Escapement Magazine