HISTOIRES Gardiens du temps : Simona De Silvestro, pilote de formule E

Arrête-moi si tu peux : à la rencontre de l'irrésistible Simona de Silvestro

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Dans cette série d’interviews, nous partons à la rencontre de gardiens du temps venus de tous horizons. Nos invités sont témoins de l'importance d'une milliseconde et nous partagent leurs expériences passionnantes sur le sujet. Entrepreneurs, athlètes, artistes, en passant par la découverte de merveilles de fabrication intemporelle, venez découvrir comment le meilleur des meilleurs traverse le temps tel qu'on le connait.

De ses débuts en kart à l’âge de quatre ans à son grave accident lors des 500 miles d’Indianapolis, qui lui valut le surnom d’« Iron Maiden », rencontre avec la Suissesse Simona de Silvestro, pilote de réserve de l’écurie TAG Heuer Porsche Formule E… et première femme à marquer des points en Formule E !

TH Commençons par le commencement : quels sont vos premiers souvenirs au volant ?

 

Simona de Silvestro Le premier souvenir que j’ai, c’est quand mon père m’emmenait faire du kart. Je devais avoir quatre ans. J’étais trop petite pour atteindre les pédales, alors je tournais le volant et lui s’occupait des pédales. C’est là que le déclic a eu lieu : après cela, j’ai commencé à importuner mes parents pour qu’ils m’offrent un kart ! Je n’avais pas supporté de ne pas pouvoir conduire toute seule ce jour-là. J’avais déjà vu pas mal de courses de Formule 1 à la télévision avec mon père, mais le jour où j’ai tenu le volant pour la première fois, il s’est passé quelque chose…

 

TH À quel âge avez-vous pu atteindre les pédales ?

 

Simona de Silvestro Après cette première séance, j’ai suffisamment enquiquiné mon père pour obtenir de lui qu’il m’offre un kart quand je serais un peu plus grande. Chaque mois, je lui disais que j’avais grandi – il y avait des graduations sur le mur de ma chambre et je n’arrêtais pas de lui montrer mes progrès. Lorsque j’ai eu six ans et demi, il m’a emmenée au magasin de karting et il y avait ce kart bleu qui m’attendait.

 

TH Vous avez commencé vraiment très jeune !

 

Simona de Silvestro En effet ! Je pratiquais de nombreux sports différents, mais lorsque j’ai tenu un volant pour la première fois, ç’a été une révélation – on allait faire du kart tous les mercredi ou tous les week-ends. Je jouais au tennis, au football et à d’autres sports, mais j’ai toujours eu le sentiment que je m’éclatais davantage au kart. Et lorsque j’ai eu 12 ou 13 ans, mes parents m’ont demandé quel sport je voulais continuer. Ç’a été la course, sans hésitation !

TH Vous faisiez aussi de la compétition dans d’autres sports ? Aviez-vous l’esprit de compétition ?

 

Simona De Silvestro Oui, totalement. Surtout au tennis, j’adorais ça…mais pas autant que le kart !

 

TH : C’est à ce moment-là, vers 13 ans, que vous avez décidé de faire de cette passion votre métier ? Ou c’est venu plus tard ?

 

SDS Oui, ça m’est venu assez tôt. Je savais que c’était ma vocation. À l’école, j’avais toujours cela dans un coin de la tête. J’avais la chance d’avoir des parents compréhensifs : ils m’emmenaient aux circuits de karting, et quand on partait en vacances, on en profitait généralement pour visiter des circuits automobiles ! Alors, quand j’ai décidé de m’investir plus sérieusement, j’avais la chance d’avoir déjà pas mal d’expérience, car pour courir en catégories semi-professionnelles, il faut trouver un sponsor. Et d’un coup, j’ai eu un peu la pression car mon rêve commençait à prendre forme. Mais je savais que si j’étais performante, ça pouvait déboucher sur quelque chose d’encore plus grand. Je n’étais qu’une gamine, et pour cette raison, je pense que mes parents voulaient me permettre d’expérimenter toutes sortes de choses – football, tennis, kart, peu importe, ils me laissaient tout essayer. Mais ils se rendaient bien compte de ma passion pour la course. Je n’étais pas du genre à jouer avec les poupées. Mon truc, c’était les voitures !

 

TH Très vite, on vous a donné un surnom intéressant : « Iron Maiden ». Est-ce une image qui vous vous cultivez ? Ou est-ce que ça vous agace ?

 

Simona de Silvestro En fait, mon premier surnom était « Swiss Miss ». Ça paraît assez banal pour une jeune Suisse, en particulier aux États-Unis. Et pour être honnête, ça ne m’a jamais vraiment plu. Au bout d’un moment, je ne le supportais plus ! En 2011, aux 500 miles d’Indianapolis, la voiture a eu un problème de suspension pendant les essais et j’ai eu un grave accident. L’impact a été très violent, je me suis blessée et j’ai eu de grosses brûlures aux mains. Mais deux jours plus tard, j’étais de retour pour les essais et j’ai réussi à me qualifier. C’est là que les fans m’ont surnommée « Iron Maiden ». Cette fois, ça m’a plu ! Et je l’ai totalement accepté. Je ne savais même pas que c’était le nom d’un groupe ! Ce n’est pas vraiment mon style de musique, mais je trouve que ça colle très bien avec ma personnalité.

 

TH Les images de cet accident font froid dans le dos. Il faut un courage extraordinaire pour remonter dans le cockpit deux jours plus tard et réussir à se qualifier pour l’une des plus prestigieuses courses au monde.

 

Simona de Silvestro Jamais de ma vie je ne m’étais retrouvée dans une situation aussi difficile. En tant que pilote de course, on sait qu’il y a un risque, mais on vit avec cette idée du danger qui ne se manifeste pas toujours. On peut se croire invincible. Alors, quand on se blesse, ça remet les pieds sur terre. Mais comme dit l’adage, quand on tombe de cheval, il faut aussitôt se remettre en selle. J’en avais besoin pour savoir si j’aimais encore cela ou pas. Car si ça m’avait traumatisée, il aurait peut-être été temps d’arrêter. Alors je suis remontée en selle, et croyez-moi, j’ai dû me faire violence. Mais quand je suis ressortie de la voiture, j’avais un grand sourire aux lèvres et je savais qu’il ne fallait pas lâcher. C’est clairement une épreuve qui m’a rendue plus forte.

 

TH C’est une expérience qui doit parler aux cavaliers et aux jockeys, à moindre échelle.

 

Simona de Silvestro Les chevaux sont imprévisibles, ils n’en font qu’à leur tête parfois et ça me fait un peu peur…

 

TH Certes, mais ils ne s’embrasent pas après avoir percuté un mur à plus de 200 km/h ! Vous avez déjà dit que vous laissiez vos chronos parler pour vous, à raison d’ailleurs, car vos performances impressionnent. Mais lorsque vous conduisez, est-ce que vous suivez vos chronos en temps réel ?

 

Simona de Silvestro Sur un circuit, on se bat en permanence contre le temps. Le temps est toujours votre pire ennemi. Mais lorsque vous conduisez, vous êtes concentrée sur la manière dont la voiture réagit et sur vos propres sensations. Car en définitive, c’est ce qui vous permet de réaliser le meilleur temps possible. Et dès que vous sortez du véhicule, vous regardez le tableau d’affichage pour découvrir votre chrono. Bien sûr, il y a aussi un chronomètre dans l’habitacle. C’est très utile, notamment dans les virages, car on sait tout de suite si on les a bien négociés…ou pas ! On cherche toujours à prendre le virage parfait.

 

TH Et lorsque vous êtes au milieu des autres voitures, est-ce que vous avez tendance à « jouer des coudes » ? Ou est-ce que vous restez concentrée sur votre course ?

 

Simona de Silvestro C’est une bonne question, car pendant toute la phase d’essais, vous êtes seul maître à bord. Pendant deux jours, le but du jeu est de trouver les ajustements nécessaires pour être parfaitement à l’aise avec la voiture, et de se qualifier. Vous vous battez, pas forcément contre vous-même, mais pour établir le meilleur chrono possible. Mais une fois que la course commence, tout change. Il y a trente voitures qui se bagarrent pour gagner. Ce n’est plus le même état d’esprit. Pendant les essais, on conduit de manière très « propre ». Mais pendant la course, il faut gérer le facteur « agressivité ». Il faut être capable de s’adapter à plusieurs scénarios.

 

TH Votre carrière vous a amenée à beaucoup voyager ces dernière années, en passant beaucoup de temps aux États-Unis et en Australie notamment. Quel effet ça vous fait de rentrer « à la maison » en Europe pour disputer le championnat de Formule E ?

 

Simona de Silvestro C’est vrai que j’ai pas mal roulé ma bosse à travers le globe, au gré des courses et des championnats auxquels j’ai participé. Ç’a été une expérience précieuse, car j’ai appris à travailler avec toutes sortes de personnes de tous horizons. Mais effectivement, maintenant que je suis en Europe, je m’y sens chez moi, car au fond, j’ai toujours su que je retournerais vivre en Suisse. Je savais qu’un jour la boucle serait bouclée ! Le fait d’avoir ma famille et mes amis autour de moi, c’est primordial. Cela dit, pendant tout cette période où j’ai vécu à l’étranger, j’ai réalisé à quel point le monde était petit. Et maintenant, j’ai la chance d’avoir des amis dans le monde entier. Alors, je me félicite d’avoir saisi ces opportunités lorsqu’elles se sont présentées.

TH L’engouement pour la Formule E a explosé ces dernières années. Quel est son avenir selon vous ?

 

Simona de Silvestro C’est une compétition à part qui est encore très jeune, et du point de vue des pilotes, elle est passionnante. Il y a dix ans, je n’aurais jamais cru courir un jour dans un véhicule électrique ! À l’époque, organiser des courses de voitures électriques relevait de l’utopie. Et seulement quatre ans plus tard, la première saison de Formule E était disputée. Et puis, nous sommes les acteurs d’un phénomène qui bouleverse non seulement le monde de la course automobile, mais qui peut aussi faire évoluer la notion de mobilité à l’échelle de la planète. Car toutes les technologies qui sont développées actuellement serviront dans le futur. C’est ce qui s’est passé avec la Formule 1. Il y a 30 ans, elle était à l’avant-garde pour améliorer les protocoles de sécurité, et aujourd’hui, ces innovations bénéficient à l’ensemble de l’industrie automobile. Alors, en tant que pilote des années 2020, c’est incroyable de penser que les expérimentations actuelles feront partie du quotidien dans 20, 30 ou 40 ans. C’est un sentiment très gratifiant.

 

TH : Comment ça se passe avec l’écurie TAG Heuer Porsche Formule E ?

 

Simona de Silvestro Courir pour Porsche, c’est forcément spécial, car c’est un nom qui fait rêver tous les pilotes. Il y a énormément d’histoire derrière. C’est un privilège de faire partie de cette équipe incroyable, qui repousse les limites de ce que l’on peut faire avec un véhicule électrique. Et les deux marques possèdent un tel pedigree dans le domaine de la course automobile…TAG Heuer avec Porsche, ça fait forcément des étincelles. Cette équipe a de beaux jours devant elle.

 

TH Quelle est la sensation que procure un véhicule électrique à grande vitesse, par rapport à une voiture à essence ?

 

Simona de Silvestro La première fois que j’ai conduit une voiture électrique il y a quatre ans, j’étais un peu décontenancée car le moteur est pratiquement silencieux. C’est la principale différence. Et cela modifie beaucoup votre perception des choses. Par exemple, sur la grille de départ, j’avais l’habitude d’entendre rugir les moteurs. Mais là, je peux entendre mon cœur battre ! C’est très étrange d’avoir conscience de tous ces petits phénomènes. Lorsque vous freinez, les roues se bloquent et on peut entendre les pneus crisser. Et puis, il faut gérer le facteur énergie, ce qui n’est pas le cas dans les courses classiques. C’est donc une approche différente, et difficile, car il faut tenir compte de nombreux facteurs nouveaux pour nous tous. Chacun d’entre nous doit s’adapter et acquérir de nouvelles compétences.

 

TH Quels sont vos objectifs avec l’écurie TAG Heuer Porsche Formule E ? À quels horizons aspirez-vous à titre personnel ?

 

Simona de Silvestro Progresser, encore et toujours ! Et naturellement, en tant que pilote réserviste, j’ai à cœur d’être promue comme pilote numéro 1 de l’écurie. Il y a des objectifs qu’on ne perd jamais de vue. Mais dans l’écurie Porsche, je ne suis pas la seule à vouloir cela, alors je peux vous dire que la concurrence est rude ! Et tant mieux car ça m’aide à me dépasser. En tout cas, pour une pilote, c’est un environnement vertueux.

 

TH Il paraît que vous passez beaucoup de temps à vous entraîner sur des simulateurs très perfectionnés. En quoi cela consiste-t-il ?

 

Simona de Silvestro En effet, les journées sont longues et intenses dans le simulateur ! C’est une nouvelle technologie mise au point depuis quelques années et qui consiste à moins travailler sur les circuits, a fortiori en Formule E, où la part de développement logicielle est très importante. Seul le simulateur permet de tester ces innovations. Il offre des conditions de concentration optimales et la technologie est géniale, on flotte sur une sorte de tripode. C’est très réaliste ! C’est passionnant et c’est dans l’ère du temps. Nous disposons d’outils incroyables, à nous de les exploiter pleinement.

 

TH Est-ce un outil que vous avez pu utiliser cette année, malgré les nombreuses restrictions ? Ou étiez-vous limités ?

 

Simona de Silvestro Oui, il n’y pas eu de problème pour se servir du simulateur. C’était un peu compliqué, mais on travaille en petits groupes. Et puis, aujourd’hui, tout peut se faire à distance. L’ingénieur peut être chez lui pendant que le simulateur fonctionne. Vu les circonstances, ça a vraiment bien fonctionné Pour être honnête, je cours depuis si longtemps, toujours à cavaler d’un circuit à l’autre…Je rentrais tout juste d’Australie lorsque c’est arrivé, et c’était la première fois que je me posais un peu. Et quelque part, d’être chez moi m’a aidée à prendre conscience du privilège que j’ai d’être dans ma position et de faire le métier que j’aime. Alors, cette période plus calme m’a fait du bien. Mais je suis fin prête à repartir !

 

TH Et cette saison s’annonce particulièrement exaltante, car vous retrouverez les 500 miles d’Indianapolis après plusieurs années d’absence. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

 

Simona de Silvestro Cela fait six ans. Plus je vieillis, plus je réalise à quel point cette course est énorme ! La première fois, je l’avais abordée comme n’importe quelle autre course. Je ne me rendais pas compte de ce que cela représentait. Avec le temps qui passe, on mesure mieux le poids de l’histoire, la vitesse de la course, le nombre de spectateurs…C’est une épreuve unique. J’ai vraiment hâte, surtout avec l’équipe qui me suit en ce moment. C’est de loin la meilleure voiture et la meilleure équipe que j’ai jamais eues pour disputer cette course. C’est comme un Graal pour moi, à l’image de Monaco ou du Mans.

TH Pouvez-vous nous en dire davantage sur cette équipe ? Car elle n’est pas banale, n’est-ce pas ?

 

Simona de Silvestro En effet ! C’est une toute nouvelle équipe formée par Beth Paretta. Beth a beaucoup d’expérience dans le monde du sport automobile. Elle a formé cette équipe pour contribuer à l’émancipation féminine et donner leur chance aux jeunes femmes. Si je regarde dans le rétroviseur, je me dis que ce genre d’initiatives a pu manquer par le passé. J’ai prouvé que je pouvais aller vite sur le circuit, mais je n’ai jamais vraiment trouvé ma place dans les grosses écuries. Alors, c’est génial d’avoir le soutien de Roger Penske et d’être associées à la Team Penske. Il faut encourager ces jeunes filles qui veulent travailler dans le monde du sport automobile, les aider à franchir le pas pour devenir mécaniciennes sur les circuits. Elles ne savaient même pas que c’était une possibilité. C’est quelque chose de spécial. Beth est en train d’ouvrir la voie, elle prouve que tout est possible, qu’il faut juste foncer. C’est incroyable de voir ces jeunes filles se lever à 5 heures du matin pour s’entraîner et devenir de plus en plus rapides. Pourvu qu’elles deviennent une source d’inspiration pour d’autres jeunes filles, mais aussi qu’elles fassent évoluer les mentalités. Car homme ou femme, on devrait toujours avoir la possibilité de faire ce qu’on aime dans la vie.

 

TH Quel beau projet. Et que diriez-vous à une femme ou à une jeune fille qui rêve de travailler dans le sport automobile ?

 

Simona de Silvestro Ce qu’il faut retenir, c’est que l’on devrait toujours donner cette chance aux jeunes filles. Et je pense que le seul moyen, c’est d’y aller et de montrer que l’on en est capables. Il y a un peu de pression, certes, car on sait qu’on a les outils pour y arriver, mais cela n’a encore jamais été fait. J’ai confiance en mes moyens et je pense que cela devrait être le cas pour chacune et chacun d’entre nous. Homme ou femme, qu’importe. Il faut juste donner le meilleur de soi-même. Foncer. Que vous souhaitiez devenir pilote, mécanicien(ne) ou ingénieur(e). C’est ainsi que j’ai toujours abordé les choses dans ma vie. J’adorais piloter, et je me fichais de savoir si j’étais une fille ou un garçon. Ça n’avait aucune importance. Ce qui comptait, c’était d’être la plus rapide. Et je pense que nous avons une magnifique occasion de le prouver avec cette course et cette équipe.

 

TH Il y a également cette initiative qui vous tient à cœur, « The Race for Equality and Change » de Roger Penske. Quel rôle peut jouer cette course pour qu’il y ait davantage d’inclusivité et d’équité dans le milieu du sport automobile?

 

Simona de Silvestro C’est important qu’il y ait des gens comme Roger Penske derrière tout ça. Il est extrêmement motivé. Il y a plein de gens qui promettent monts et merveilles, sans rien proposer de concret. Non seulement il dit que c’est important, mais il dit aussi « OK, on va vous aider à y arriver ». Et je pense que c’est quelque chose d’essentiel aujourd’hui : nous avons l’opportunité d’agir de manière juste. Ce que j’espère, c’est que tout cela sera normal dans cinq ans. J’espère aussi qu’on va faire une belle course à Indianapolis, car cela pourrait vraiment aider à faire évoluer les mentalités ! C’est ça l’objectif : offrir aux femmes cette nouvelle opportunité et montrer ce qu’on sait faire sur l’asphalte. Et je suis certaine que l’on peut y arriver.

 

TH On sera derrière vous ! Simona, merci beaucoup de nous avoir accordé cette interview.

 

Simona de Silvestro Plaisir partagé !