SAVOIR FAIRE Collected, Épisode 2, Première partie

Nick Gatehouse et Arno Haslinger

10 min

Nos interviews Collected se poursuivent et nous emmènent à la découverte des histoires les plus passionantes. Dans cette première partie de l'épisode 2, nous retrouvons les grands collectionneurs Heuer Nick Gatehouse et Arno Haslinger, dont la légendaire collection Haslinger a été vendue aux enchères par Bonhams en 2010. Nous nous intéressons à ces frères de cœur, aux modèles imaginés pour les circuits automobiles et à une erreur d'un montant de $750,000 dollars...

© Arno Haslinger, Heuer Chronographs and Motorsports. Photographié par Clemens Kois

The Edge : Puisque nous sommes tous plus ou moins piégés chez nous, essayons de nous évader un peu. Vous pourriez planter le décor, nous décrire où vous habitez. Nick, vous êtes au Portugal, n’est-ce pas ? Et vous, Arno, vous vous trouvez à Salzbourg, si je ne me trompe pas…

Nick : Je commence ou tu te lances en premier ?

Arno : Vas-y !

Nick : D’accord. J’ai vécu en Asie les 30 dernières années, même si je suis clairement un peu britannique, comme le montre mon accent. Mais je m’efforce d’être européen. C’est la raison pour laquelle je me suis installé à Cascais, près de Lisbonne, il y a quelques mois. Étonnamment, on a eu un temps superbe jusqu’ici, donc je fais de mon mieux pour contrarier tout le monde en publiant des photos de ciel bien bleu…

The Edge : Qui est pour exclure Nick dès maintenant, car il a une vie trop agréable ?

Nick : Voilà la vue… Les gens croient sans cesse que je leur envoie des images photoshopées. J’ai des amis pas loin, en Espagne, qui ont eu, entre autres, de la neige, des pluies torrentielles et des inondations, ce qu’on a évité d’une manière ou d’une autre. Par chance, c’est comme si on vivait dans un étrange microclimat tempéré…

The Edge : Faites-le taire ! Et vous, Arno ?

Arno : Moi, je suis né et j’ai grandi à Salzbourg, où je vis à nouveau aujourd’hui. Mais entretemps, j’ai étudié à Vienne. Puis j’ai travaillé à Francfort, Londres et Paris.

Nick : Et maintenant, tu ne fais que frimer. Personnellement, je n’ai fait que des allers-retours entre Londres et l’Asie !

Arno : Je vis à l’européenne, tu sais ! Vienne, Francfort, Paris, Londres.

Nick : Les villes qu’on peut lire sur l’étiquette d’une bouteille de parfum ! C’est drôle, parce que j’étais clairement censé être courtier professionnel à Londres, Tokyo puis Hong Kong, et c’est comme ça que je me suis retrouvé dans les montres. Je m’ennuyais tellement, assis à mon bureau, devant des écrans d’ordinateur et des cours d’actions que je ne comprenais pas vraiment, que j’ai commencé à acheter des montres sur eBay. C’est là que mon voyage a commencé, même si mon père m’avait déjà offert une Heuer à l’âge de 14 ans…

Arno : Il y a 10 ans, c’est ça ? Tu as 24-25 ans maintenant, hein ?

Nick : Merci beaucoup. Je pense que tu devrais écrire cet article, Arno.

The Edge : C’est le moment idéal pour préciser que vous vous connaissez très bien. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Nick : Je pense qu’on a tous les deux été invités par Catherine au Grand Prix historique de Monaco. Le sport automobile historique et les anciennes voitures, c’est mon autre grand passe-temps, donc je connaissais déjà pas mal de monde. Mais même si je connaissais Arno par le biais de la communauté des collectionneurs de montres, je ne crois pas l’avoir rencontré avant ce week-end-là. Aujourd’hui, cette rencontre tardive me paraît bizarre, car il est comme mon frère autrichien.

Je dis toujours que c’est la plus belle chose concernant ce hobby de collectionneur. Les montres sont superbes, mais on fait surtout la connaissance de personnes fantastiques, sans parler des histoires qui se cachent derrière les unes et les autres. C’est la chose qui me donne le plus de plaisir.

The Edge : Voilà une impression partagée par de nombreux collectionneurs. Le fait que la communauté Heuer, en particulier, est vraiment chaleureuse…

Nick : Oui, totalement. Je pense que la marque Heuer est un peu différente, car… Je ne sais pas comment le formuler, mais ce n’est pas toujours une marque qui tombe sous le sens pour de nombreux collectionneurs. Elle ne révèle pas énormément de choses sur vous en matière de fortune. Elle est un peu différente ! Je viens d’un univers qui tourne autour du sport automobile et des anciennes voitures, donc c’est un choix évident à mes yeux. En revanche, ce n’est pas toujours la première marque à laquelle pensent les collectionneurs de montres. Selon moi, c’est la raison pour laquelle vous avez de véritables passionnés, qui aiment vraiment les montres pour ce qu’elles sont et non pour ce qu’elles disent de vous, si vous voyez ce que je veux dire. Je pense que ça explique cette légère différence chez la communauté Heuer. Je suis certain de n’y avoir rencontré que des personnes charmantes avec qui passer du temps et discuter. Des personnes devenues des amis aux quatre coins du monde. Je crois que c’est assez inhabituel au sein d’une communauté, quelle qu’elle soit.

The Edge : Et comment un nouveau collectionneur peut-il vous trouver ? Comment tomber sur d’autres membres de cette communauté ?

Arno : J’utiliserais Instagram… (@arnohaslinger)

Nick : J’ai un compte Instagram uniquement à cause des montres (@chronomatik).

Arno : Tu es une vraie célébrité sur Instagram !

Nick Gatehouse et Arno Haslinger au Grand Prix de Monaco

The Edge : Vous avez tous les deux un fil Instagram vraiment impeccable. Nous y jetons parfois un coup d’œil, et chacun d’eux est excellent.

Nick : Je suis très paresseux, à vrai dire. Je ne peux pas passer trop de temps à publier du contenu. J’ai l’impression que les réseaux sociaux sont vraiment accaparants. Les gens peuvent aussi poser leurs questions sur le grand forum de Jeff Stein – OnTheDash. Il est super…

Arno : OnTheDash possède une importante base de données. Je pense qu’on peut également vous trouver lorsque vous publiez du contenu. Lorsque j’ai sorti mon livre en 2008 (Heuer Chronographs: Fascination of Timekeepers and Motor Sports 1960s/1970s), il a attiré l’attention de nombreuses personnes. On a vendu la première édition à 3 500 exemplaires très rapidement, ce qui est beaucoup pour un livre spécialisé.

The Edge : Vous faites donc partie des meilleures ventes au Royaume-Uni ! Si vous les aviez vendus en une semaine, vous auriez quasiment été numéro un. Ce sont des ventes extrêmement impressionnantes.

Nick : C’est vraiment l’équivalent de J. K. Rowling. Mais ce qu’il y a de terrible, c’est que tu n’as pas encore signé mon exemplaire.

Arno : Oh, je suis désolé !

The Edge : Arno, qu’allez-vous écrire dans votre dédicace à l’intention de Nick ?

Arno : Vous ne pourrez pas publier ça.

The Edge : Essayez toujours.

Arno : Tu es mon meilleur pote. Mon frère de cœur. Tous mes vœux de collectionneur, mon compagnon Heuer et Porsche !

The Edge : Et après, on dit que le romantisme a disparu. À d’autres !

Arno : Effectivement, c’est faux. Et je pense que Nick a évoqué quelque chose d’important. Heuer est l’une des rares marques à avoir noué des liens crédibles avec les sports automobiles à leur apogée. Pour moi, c’est un point unique. Jack Heuer a en effet signé des contrats formidables avec des pilotes de course Porsche. Au début des années 1970, il a même signé avec Ferrari. Il est ainsi devenu l’un des premiers sponsors non automobiles dans le monde de la course – avant même Marlboro, si je me souviens bien. Jack a été plus rapide que les cigarettes. Incroyable !

Un véritable visionnaire. Regardez le nom des montres, des gammes : Monaco, Daytona, Monza. La Monza est d’ailleurs une montre très importante pour la communauté, car c’est l’une des premières éditions limitées. Elle a été lancée fin 1975, lorsque Niki Lauda est devenu champion du monde pour Ferrari. La marque Heuer était alors présente jusque sur les capots des voitures – une place de choix qui lui a permis de gagner en visibilité, s’associant avec les plus grandes écuries.

The Edge : Pourquoi pensez-vous qu’il existe un tel recoupement entre les sports automobiles et les montres ? Est-ce dû à la complexité commune de leur mécanique interne ? À cette idée de course contre la montre ? Outre leur histoire récente, pourquoi vont-ils si bien ensemble ?

Nick : Chronographes et chronométrage définissent Heuer, tandis que le sport automobile consiste aussi à finir dans les temps. Voilà un lien évident, selon moi. Et, pour revenir à ce qu’a dit Arno, je suis surtout un enfant des années 1970. J’ai grandi en regardant la Formule 1, et les premiers logos publicitaires que j’ai vus sur les voitures appartenaient à Heuer. Donc je suppose que le lien me paraissait évident. Autrement, si on examine les montres et les voitures de course plus en détail, c’est vrai qu’elles recèlent, les unes comme les autres, une mécanique formidable.

Arno : Petits embrayages, minuscules roues, poussoirs et bagues…

Nick : J’aime bien bricoler les voitures, mais j’ai aussi reçu pour l’un de mes anniversaires un superbe kit d’outils pour désassembler des montres. C’est l’objet le plus dangereux de mon bureau, car je n’ai absolument aucune qualification, mais je ne peux pas résister à l’envie de bricoler de temps en temps. Je prends une montre et j’enlève l’une de ses pièces, pensant pouvoir la changer car j’ai déjà vu Nick Greenhouse ou quelqu’un d’autre le faire. Mais, comme un enfant, je n’arrive évidemment pas à la remettre. Impossible. Je dois donc me rendre chez l’horloger avec cette pièce et lui demander timidement de la remettre à sa place. Mais c’est une autre histoire…

Le kit d'outils personnel de Nick

« On doit effectuer une énorme quantité de recherches. Pour chaque montre ou voiture que j'ai achetée, je me suis probablement intéressé à une centaine d'autres. À vrai dire, je trouve que ça fait partie du plaisir que procure ce passe-temps. »

Nick Gatehouse

Arno : Pour en revenir à la course automobile, on a un portefeuille très intéressant. L’offre de Heuer est plus limitée dans les années 1960, avec la Carrera et l’Autavia. Vers la fin des années 1960, on a la Camaro. Puis la Monaco est lancée en 1969. Et soudainement, l’offre explose, avec plus tard la Silverstone, la Jarama et la Daytona. Boum. Toutes portent le nom d’un circuit de course. La Jarama, par exemple, est lancée en 1974, lorsque Niki Lauda remporte la course espagnole de Jarama pour Ferrari. Comprenez-bien que Ferrari vient de vivre 12 années très difficiles. Pourtant, son écurie décroche subitement la victoire ! Elle s’améliore au fil des courses et finit par devenir championne du monde en 1975. C’est formidable. Et Jack a largement contribué à cet exploit ! C’est la raison pour laquelle il décide de faire la Monza. Sur la brochure, on voit d’abord qu’il s’agit d’une édition limitée puis qu’elle a été fabriquée en collaboration avec Ferrari. Que souhaiter de plus si vous êtes collectionneur ?

Nick : Je pense toujours qu’il vaut la peine de rappeler la position d’avant-garde de Jack Heuer. Comme tu l’as dit, Arno, il a été quasiment la première personne à sponsoriser les voitures de course. Il a aussi été l’une des premières à faire du placement de produits au cinéma ! Steve McQueen dans Le Mans. Sur le plan des affaires, je pense qu’on ne peut pas lui reprocher grand-chose. Inutile de préciser que la crise du quartz a posé problème a plus d’une entreprise. Mais en matière de modèle commercial, j’ai toujours pensé qu’il avait adopté la bonne stratégie. Il a produit des montres évoluant avec le temps. La plupart des marques horlogères fabriquent le même modèle pendant des décennies. Heuer a proposé, quant à lui, de nombreux designs magnifiques tout en couleur et entièrement en phase avec leur époque. Ce portefeuille très créatif est ainsi un véritable cadeau pour les collectionneurs.

The Edge : Arno, lorsque vous évoquiez les modèles pour circuits automobiles tout à l’heure, vous aviez presque l’air d’un commentateur sportif. Il s’est passé ceci et cela, il y a eu cette course-ci et cette course-là. On ne sait plus où donner de la tête. Et vous avez raison ; l’histoire a connu des moments extraordinaires. Je voulais donc vous demander à l’un et à l’autre quelle sensation vous procurait votre proximité avec ces fragments d’histoire, voire le fait de les posséder, qu’il s’agisse de montres ou d’autres souvenirs liés à la course. Avez-vous noué avec eux un lien intellectuel, émotionnel, physique ?

Arno : Je pense que c’est une question de recherches très intenses. Pour ma part, voici comment ça s’est passé avec Heuer. Au service marketing de Premier Automotive Group depuis longtemps, je participais à une grande présentation sur… Était-ce Land Rover ? Range Rover ? Bref, le responsable conception avait mis une diapositive avec une Monaco. Il s’agissait d’une planche de tendances, avec de futurs repères, de superbes images provenant de différents secteurs, certains produits jugés à la pointe de l’innovation. Lorsqu’il a affiché cette diapositive avec la Monaco, je me suis dit : « Wahoo, c’est ça ! » Je n’avais jamais vu ce type de montres carrées. J’ai alors commencé mes recherches. Si vous êtes un nouveau collectionneur, l’idéal est d’acheter des montres neuves d’époque, car pour comprendre une ancienne ligne de produits, vous devez essayer de comprendre la finition d’une montre lorsqu’elle est neuve. Tous ses moindres petits détails… Détails et recherches font la différence quand il s’agit de collectionner ces pièces.

Nick : C’est parfaitement vrai. Il y a des similarités avec la collection de voitures. On doit effectuer une énorme quantité de recherches. Pour chaque montre ou voiture que j’ai achetée, je me suis probablement intéressé à une centaine d’autres. À vrai dire, je trouve que ça fait partie du plaisir que procure ce passe-temps. Les recherches. On les effectue avec joie. Et je pense que c’est un défi probablement commun à tous les collectionneurs. C’est tout le travail de fond associé. Cette exploration est pratiquement aussi plaisante que le résultat final, je trouve. Mais avec des marques telles que Heuer, il peut être difficile de trouver de beaux exemplaires de chaque référence. Donc effectivement, il est gratifiant de finir par y parvenir.

Niki Lauda portant la Monza et écrivant : « Quand timing, performance et précision sont indispensables, les hommes comme moi font confiance aux montres spéciales de Heuer. Les chronographes Heuer sont considérés comme les montres de l'élite internationale grâce à leur fiabilité éprouvée et leur élégance sportive. Avec la nouvelle Monza Automatic Chronograph, lancée à l'occasion du Championnat du monde de course automobile de 1975/1976, Heuer a encore réalisé une performance exceptionnelle. Constatez par vous-même. Bien à vous, Niki Lauda. »

Arno : Sur les 81 montres présentées dans mon livre, je pense qu’environ 65 d’entre elles étaient des pièces neuves d’époque. Comme vient de le dire Nick, il faut commencer par faire ses devoirs ! Collectionner des objets exige du temps et ne se résume pas à trouver le meilleur prix. Quand je m’entretiens avec des personnes concernant leurs collections, je les avertis toujours qu’elles ne réaliseront pas les meilleurs achats au début, car il existe de très nombreux acheteurs expérimentés et spécialistes de ce marché. Je leur dis sans cesse d’éviter le bas de gamme, de privilégier la qualité. Car elle ne se démode jamais malgré le temps qui passe.

Nick : Je me permets de t’interrompre rapidement à ce propos, avant d’oublier. Je trouve qu’Arno soulève un point très intéressant. Si vous êtes collectionneur et que vous avez les moyens de choisir une qualité irréprochable, vous pouvez alors évidemment apprécier l’objet concerné dans sa forme idéale. Pourtant, à mes yeux, l’un des avantages de Heuer est la possibilité, même sans beaucoup d’argent, de collectionner des montres d’exception ou au moins des créations qui ne sont peut-être pas de parfaits exemples de pièces neuves d’époque mais qui sont tout de même magnifiques. Je pense que c’est donc un marché bien plus démocratique à ce niveau-là. Je ne dissuaderais personne d’acheter un objet qu’elle adore, même s’il n’est pas entièrement correct ou en parfait état, car tout n’est pas nécessairement une question d’investissement et de valorisation. J’estime qu’il s’agit aussi tout simplement de posséder un objet magnifique et un fragment d’histoire.

Arno : Absolument.

Nick : Ensuite, l’autre problème avec les montres neuves d’époque… Bah, j’en porte une en ce moment. Comme son nom l’indique, personne ne l’avait mise depuis sa fabrication. Mais je l’ai abîmée ! Parce que j’adore les voitures à conduire et les montres à porter. Donc malgré son caractère neuf et d’époque, je la porte. Pareil pour les voitures. J’en restaure une à la perfection, puis je la conduis et l’abîme quand même pendant un rallye. C’est dans ma nature. J’ai toujours eu des amis qui gardaient leurs petites voitures dans des boîtes lorsqu’ils étaient enfants. Résultat, elles sont encore en parfait état aujourd’hui. Les miennes, par contre, sont toutes rayées et cabossées. Les boîtes, elles, ont disparu. Voilà pour la petite histoire !

Arno : Même chose pour moi. Je conduis aussi ma Porsche 911 Turbo, qui a une histoire exceptionnelle, provenant de la famille Martini Rossi. Je l’ai même mise à l’épreuve sur les autoroutes allemandes !

The Edge : Arno, est-il tabou de vous demander le nombre approximatif de pièces dans votre collection à l’heure actuelle ?

Arno : Je suis encore très, très Heuer. J’ai eu beaucoup de chance après la vente de ma collection. Un ancien employé de Heuer a appelé Gerd-Rüdiger Lang, l’un de mes plus grands mentors dans l’industrie horlogère, qui m’a invité à voir sa collection. Elle est incroyable. Je dirais qu’elle compte plus de 1 500 chronographes.

The Edge : Wahoo.

Arno : C’est aussi le gars qui a acheté les montres du film Le Mans. Il a vendu une partie de sa collection Heuer au musée. Après ma vente aux enchères, j’ai pu lui acheter un grand nombre de pièces, dont certaines neuves d’époque – des montres toutes extrêmement originales. J’ai répondu à la question ?

Nick : Non.

Deux Carrera de la collection personnelle de Nick

The Edge : La question était : « Combien de pièces possédez-vous à l’heure actuelle ? »

Arno : Je pense qu’environ 80 % des montres de ma collection sont des Heuer.

The Edge : Cela ne répond toujours pas à la question, mais vous nous avez au moins donné un chiffre. Nick, vous vous sentez de répondre à cette question ?

Nick : Je pense que ma femme n’est pas là, donc je peux probablement vous révéler ma quantité de montres. [Longue pause] À vrai dire, je ne sais pas exactement, mais je crois que 75 % d’entre elles sont des Heuer.

The Edge : Imaginons que nous recherchions une anecdote intéressante. Nous raconteriez-vous une acquisition importante ? Un coup de chance en particulier, l’origine d’une montre que vous avez découverte a posteriori ?

Nick : Mon histoire préférée raconte absolument tout l’inverse d’un coup de chance. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à Heuer dans les années 1990, je travaillais dans une banque et n’avais pas grand-chose à faire à part regarder des écrans. C’est là que j’ai vu une publicité pour une montre, avec un gars expliquant être chef accessoiriste sur le tournage du film Le Mans, avant de mettre cette Heuer Monaco, utilisée dans le film et accompagnée d’une lettre. Je me souviens qu’il voulait quelque chose comme 12 000 dollars américains pour cette magnifique Heuer Monaco.

Arno : Je pense que c’était 8 000.

Nick : D’accord, mais laisse-moi terminer mon histoire.

Arno : Désolé, mais tu t’éternises. On dirait un politicien.

Nick : Qu’est-ce que j’y peux ? Difficile d’être aussi concis que vous, Votre Honneur. Quoi qu’il en soit, je me souviens avoir alors discuté avec Jeff Stein. On aurait pu acheter trois modèles Monaco 1133B normaux. La même montre pour le même prix que celle-ci. Je pense qu’on en a tous les deux conclu que cet achat n’en valait probablement pas la peine, donc quelqu’un d’autre a dû l’acheter. Au final, cette montre a été vendue pour 750 000 dollars. On en a même vu une se vendre à 2,2 millions. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas me demander des conseils d’expert en matière de collection ! Je n’ai qu’une seule suggestion : achetez ce que vous aimez. D’après moi, c’est toujours le plus important, notamment en matière de voitures et de montres.

Arno : Et c’est très gentil à toi. Je pense que c’est cette question d’amour qui est formidable.

The Edge : Arno, avez-vous une histoire d’acquisition avec une fin plus heureuse ?

Arno : Oui. L’une de mes plus belles histoires d’acquisition concerne la collection absolument originale et intacte que j’ai pu acheter à Gerd-Rüdiger Lang. Et la possibilité d’acquérir un grand nombre de Heuer dans ma vie – probablement 500 au fil des années – ou peut-être juste celle de Niki Lauda, remise personnellement par la famille de son ex-femme…

Mais je suppose que l’univers des montres n’échappe pas à l’exception. Certaines expériences sont bonnes, d’autres moins bonnes !

Nick : Pour ma part, je dois dire que j’ai acheté bien plus de montres que celles en ma possession aujourd’hui et je ne crois pas avoir déjà vécu une mauvaise expérience avec une Heuer. Peut-être ai-je eu simplement de la chance. J’ai un doute, mais je ne me souviens pas avoir jamais trouvé une montre différente de son annonce. Le plus souvent, j’ai toujours aussi hâte que le petit colis FedEx arrive. Lorsque je l’ouvre, la beauté de la montre dépasse généralement toutes mes espérances. Pour être honnête, la chose, assez amusante, que j’apprécie le plus en tant que collectionneur aujourd’hui, c’est de trouver une montre qu’Arno ne connaît pas ou qu’il n’a pas vue. C’est vraiment mon objectif actuel.

Arno : Vous constaterez qu’en fait Nick s’est installé en Europe pour me voir plus souvent…

Nick : Exactement.

 

Ne manquez pas la seconde partie de cet épisode, dans laquelle Nick et Arno aborderont leurs rencontres avec Jack, le retour de l’or et une offre terriblement généreuse…